Les aspects entre planètes

Voici les quatre aspects les plus importants que peuvent faire les planètes entre elles :

– La conjonction : conjointes dans le même signe (entre 0° et 10° d’écart).
– l’opposition : les planètes se situent dans des signes opposés (environ 180°), ce qui se traduit par une opposition humide-sec
– le carré : aspect d’environ 90° (partage le cercle en 4 segments qui forment un carré), deux types de carrés
– type A : disparité chaud-froid (différence de polarité: + et – ) (relation eau-terre, air-feu)
– type B : disparité chaud-froid et humide-sec en même temps (éléments en contradiction totale: air-terre, eau-feu).
– le trigone: aspect de 120° (divise le cercle en trois segments qui forment un triangle équilatéral), signes de même élément (air, eau, feu ou terre).

Le sextile peut éventuellement être envisagé : aspect de 60° (divise le cercle en 6 segments qui forment un hexagone) entre signes différenciés par humide-sec
Les autres aspects sont trop mineurs.

Quelques réflexions:

Il est intéressant de noter ce qui différencie les signes concernés par les différents aspects pour voir la signification symbolique de ces aspects. On remarque tout de suite que le carré est l’aspect le plus violent puisqu’il met en relation des signes que tout oppose: les qualités primaires et par conséquent aussi les éléments.

Voyons ce qu’écrivait Jung, le célèbre psychanalyste, à propos des chiffres 1, 2, 3 et 4 dans ses « Essais sur la symbolique de l’esprit » :
« Le Un ne veut pas se détacher de l’Autre sous peine de perdre sa nature spécifique et l’Autre s’éloigne du Un pour pouvoir exister par lui-même. Il en résulte une tension contradictoire entre le Un et l’Autre. Or toute tension contradictoire tend à évoluer pour donner naissance au trois. Avec le trois, la tension s’annule, car l’unité perdue réapparaît… La trinité est donc l’unité qui se développe pour devenir perceptible… On peut traduire la relation qui unit la trinité à l’unité par un triangle équilatéral : a=b=c, autrement dit par l’identité du trois ; chaque fois, la trinité tout entière est comprise dans chacun des trois angles ».
Dans un autre passage il cite Zeller (un philosophe) : « L’Unité est l’élément initial d’où proviennent tous les nombres et où, par conséquent, même les propriétés opposées des nombres, l’impair et le pair, doivent être réunies ; deux est le premier nombre pair, trois est le premier nombre impair et entier parce que le nombre trois contient à la fois l’origine, le milieu et la fin. »
Jung, retrouve les traces de la trinité, bien avant le Christianisme, dans les anciennes civilisations de Babylone, d’Égypte et chez les philosophes grecs comme Platon.

Mais voyons aussi ce que Jung écrit à propos du chiffre 4 :
« Au contraire de Platon, dont la pensée est trinitaire, l’ancienne philosophie grecque avait une pensée quaternaire. Chez Pythagore, ce n’est pas la trinité qui joue le rôle principal, mais la quaternité, par exemple dans le serment de Pythagore où il est dit de la quaternité, la tetraktys, qu’elle avait les « origines de la nature éternelle ». Dans l’école pythagoricienne, on avait aussi l’idée que l’âme n’était pas un triangle, mais un carré. L’origine de ces idées se trouve quelque part dans l’ombre de la préhistoire de l’esprit hellénique. La quaternité est, en effet, un archétype pour ainsi dire universel. Elle est la condition logique de tout jugement de totalité. Pour établir un tel jugement, il faut lui donner un quadruple aspect. Par exemple, pour désigner l’ensemble de l’horizon, on cite les quatre points cardinaux. La trinité n’est pas un schéma ordonnateur naturel, mais artificiel. Voilà pourquoi nous avons toujours quatre éléments, quatre qualités premières, quatre couleurs, quatre castes dans l’Inde, quatre voies dans le bouddhisme. »

Encore quelques réflexions de Jung sur la trinité et la quaternité à propos des religions chrétiennes :
« … de même le Diable vient-il s’ajouter à la triade* comme pour en rétablir l’intégralité. Si, comme j’ai tenté de le faire, on envisage la trinité comme un processus, on pourrait le poursuivre en faisant intervenir le quatrième jusqu’à ce qu’il atteigne la totalité absolue. Or, c’est parce que le Saint-Esprit descend en l’homme qu’il est incorporé au processus divin et qu’il est également le principe qui préside à la séparation et à l’indépendance par rapport à Dieu personnifié par Lucifer comme volonté antagoniste à celle de Dieu. »
En résumé, Dieu a mis en l’homme la désobéissance, car sans cela « la trinité ne se serait jamais manifestée puisqu’il n’y aurait eu que l’unité. »
(*la trinité)
La quaternité, dans le christianisme, est symbolisée par le personnage du diable qui s’opposant à dieu permet à l’homme d’avoir une existence autonome face à son créateur, et se pose ainsi comme une nécessité existentielle.

Notre souci n’est pas ici de faire de l’exégèse ni de l’interprétation ni de prendre parti pour ou contre. Ce qui nous intéresse c’est que, dans le symbolisme mis en lumière dans cette analyse de Jung, la quaternité introduit la notion de rébellion, donc de violence, par rapport à un état a priori idéal et donne par là même une existence autonome à l’homme.

Autre remarque : il se trouve que le chiffre 4 est souvent un chiffre peu recommandable dans certaines cultures. Au Japon, par exemple, une des lectures de ce chiffre est « shi » équivalent à la lecture d’un autre caractère signifiant « la mort ». Et l’on évite dans nombre d’hôtels de numéroter les chambres avec un nombre terminant par 4, chiffre porte-malheur à l’instar du 13 dans les pays occidentaux.

Tout ceci rejoint ce qui l’on dit en général de l’aspect au carré des planètes entre elles. C’est un aspect violent, mais très souvent bénéfique en ce qu’il apporte les épreuves nécessaires au bon épanouissement de la personnalité.

Le carré, contrairement à ce que l’on croit bien souvent, loin d’être un aspect négatif est un facteur d’affirmation de soi.

On est en droit de se demander si le carré ne se rapporterait pas aux zones dynamiques et évolutives de la personnalité, appelées à jouer un rôle important dans le développement et l’affirmation de la personnalité, alors que le trigone, par son aspect harmonique, concernerait le fond caractérologique statique et permanent.

Après toutes ces considérations, on peut commencer à entrevoir la symbolique rattachée aux différents aspects.

1. La Conjonction : indifférenciation, union indifférenciée, insécabilité
2. L’Opposition : tension, contradiction, indépendance, dissociation
3. Le Trigone : harmonie, stabilité, statisme
4. Le Carré : dysharmonie, instabilité, antagonisme, dynamisme

Le sextile est pour nous un cas à part, car il met en jeu les mêmes différenciations que dans l’opposition. Il est néanmoins considéré généralement comme un aspect harmonique.

On s’aperçoit vite que les aspects dits harmoniques, la conjonction et le trigone, peuvent en réalité s’avérer peu favorables à une affirmation du caractère (dans le sens usuel du terme) par indifférenciation dans un cas et par trop de statisme dans l’autre. Au contraire des aspects dysharmoniques qui se mettent au service du développement de la personnalité en ce qu’ils permettent la différenciation et le dynamisme nécessaires à l’autonomie de sujet et à son évolution, et donc à son épanouissement.

Il serait aussi nécessaire de bien faire la différence entre un carré de type A (différenciation chaud-froid) et celui de type B (différenciation chaud-froid et sec-humide en même temps) – le deuxième type étant de nature beaucoup plus violente et dissonante que le premier – et d’étudier dans des thèmes de quelles manières ils opèrent.